Sujet n°2 – Moi Idéal et Idéal du Moi dans la passion amoureuse
Sujet n°2
Le Moi Idéal et l’idéal du Moi dans la passion amoureuse
N’hésitez pas à compléter ce travail avec vos propres recherches en commentaire.
Détails sur le travail
Specifications
Points évoqués
Le Moi Idéal (de Sigmund Freud)
L'Idéal du Moi (de Sigmund Freud)
La Passion Amoureuse
L'idéalisation dans la Passion Amoureuse
L'estime de soi
Le narcissisme
Concepts sociologiques
Concepts biologiques
L'amour de l'autre, l'amour de soi
Annexe : Daniel Goleman, l'intelligence émotionnelle
Note d'introduction
Ce devoir a été rédigé le 20 juin 2023, après six mois de formation auprès de mon organisme de formation, l’EFPP d’Aix en Provence. Il s’agit de mon second rendu auprès de l’école, et j’espère que le résultat vous intéressera. Bonne lecture !
L’amour des autres ou l’amour de soi…
Introduction
Table des matières
Introduction
Quoi de plus complexe et de passionnant que le développement humain face à nos propres attraits, environnements familiaux, sociétaux, etc. cumulé à l’une des plus grandes épreuves dans les relations humaines à savoir « la passion amoureuse » ? Je me permettrai quelques « écarts » par rapport à la nature de ce devoir, qui est sensé n’être axé que sur la psychologie. En effet, je citerai quelques concepts sociologiques et biologiques qui me semblent fondateurs, et qui permettront (à mon sens) de cristalliser et d’appuyer les notions que nous avons vu en cours de métapsychologie.
Quelques citations pour introduire le propos :
« Pas besoin de gril, l’enfer c’est les Autres. » Jean-Paul Sartre
« […] L’enfer, c’est soi-même. […] » Thomas Stearns Eliot
Le concept du Moi Idéal et de l’Idéal du Moi a été inventé par Sigmund Freud. Le Moi Idéal et l’Idéal du Moi sont des concepts phares. Ils jouent un rôle important dans notre construction psychique et notre comportement. Dans ce devoir, je parlerai de ces concepts tout en les plaçant sous la lumière de la passion amoureuse. Après avoir défini les termes, je les mettrai progressivement en relation les uns avec les autres. Je prendrai également le parti de souligner à quel point nous sommes tous sous-influence consciente ou inconsciente des autres, mais aussi de nous-même. Ce thème soulèvera d’autres questions, parmi lesquelles on pourrait trouver : « De l’amour de l’autre à l’amour de soi, lequel est le plus important ? »
Pour la parité : il peut être utile de noter que je rédige ce devoir en tant qu’homme hétérosexuel, et que ma réflexion s’en verra nécessairement influencée, comme pour le passage de l’œdipe par exemple.
Allons droit au but :
Avons-nous le choix ? Telle est la question qu’on pourrait se poser lorsqu’on découvre toutes les instances et mécaniques à l’œuvre chez nous, chez les autres dans les jeux de l’amour. De notre naissance à notre mort, nous sommes et resteront sous influence. On parle même de « coup de foudre ». Une sensation tellement forte qu’on pourrait en perdre la raison, une sorte de court-circuit interne. Mais pourquoi et à quel point ? C’est ce que nous allons voir ensemble au travers de ces six chapitres.
I. La passion amoureuse
Voyons la définition des deux mots « Passion » et « Amoureux » :
Passion : État affectif et intellectuel assez puissant pour dominer la vie mentale. Ex : Obéir, résister à ses passions, vaincre ses passions.
Amoureux : Qui éprouve de l’amour, qui aime. Ex : épris. Tomber amoureux de quelqu’un.
[Définitions trouvée sur Le Robert, Dico En ligne : https://dictionnaire.lerobert.com]
La passion amoureuse serait donc le fait d’éprouver de l’amour pour quelqu’un, au point où notre mental pourrait se retrouver dominé par ce puissant sentiment. Mais nous voyons qu’à priori il serait possible d’y résister. Où prend donc racine cette émotion si intense, quelle est sa nature et comment interroge-t-elle la construction de notre Moi ?
Forte excitation émotionnelle, désir ardent, obsession pour l’objet de notre amour… nous avons bien compris là le concept. Mais qu’en est-il concrètement ? D’un point de vue psychologique, on prend conscience qu’il s’agit là d’un savant mélange entre des facteurs biologiques, sociaux et cognitifs. Analysons-les rapidement.
N’étant pas biologiste, pour les trois prochains paragraphes je m’appuierai sur ce que j’ai compris des travaux de la Docteure en Neuroscience, Lucy Vincent.
[Travaux trouvés sur : L’illustré – L’amour expliqué par la science : https://www.illustre.ch/magazine/lamour-explique-science]
Les expériences d’imagerie du cerveau ont révélé que l’amour romantique (comme parental d’ailleurs) génère une baisse d’activité dans la partie du cerveau associée aux émotions négatives, au jugement des intentions et des émotions de l’autre. Les notions de discernement seraient mises en arrière plan pour ne pas nous faire juger l’autre trop sévèrement.
On pourrait même considérer « l’amour » comme une drogue, dans le sens où l’état amoureux commanderait notre cerveau à libérer des substances comme la dopamine, la noradrénaline et l’ocytocine (renforçant en nous le concept de la tolérance), conduisant à des sensations de plaisir, d’excitation et de bien être. Pour revenir sur l’ocytocine, celle-ci intervient dans d’autres étapes importantes chez la femme comme la coordination entre la naissance et l’allaitement, et le développement du sentiment d’attachement (essentielle pour la survie de l’espèce).
Il est à noter un fait intéressant : la liaison privilégiée entre nos sens olfactifs et les fonctions inconscientes du cerveau. Nous ne sentons pas toutes les odeurs (telles que les phéromones), pourtant les odeurs ont un rôle essentiel pour faire passer des messages, et apparemment, au-delà même de notre conscience. Un mois suffirait à notre corps pour déclencher le processus amoureux, et si l’on n’est pas sensible aux stimuli chimiques de l’autre, les traits de personnalité ne suffiront pas à conquérir le cœur de l’autre. Mais… ce n’est pas simple. Rien n’est jamais figé. En revanche, ce qu’on peut conclure rien qu’avec ce maigre résumé des travaux de Lucy Vincent, c’est qu’il existe au moins un processus inconscient à l’œuvre dans les jeux de l’amour.
Socialement, il est bon de s’intéresser aux normes culturelles, aux attentes sociales, aux modèles de relations amoureuses auxquels nous sommes exposés. En effet, la société a un rôle majeure dans la construction qu’on peut se faire de l’amour et de nos aspirations romantiques. Nous pouvons citer également le rôle de la littérature, des films, des médias, et des musiques qui expliquent à leur façon ce qu’on devrait ressentir dans les jeux de la passion.
Sur le plan cognitif, les pensées obsessionnelles, les fantasmes vont bon train. L’idéalisation du partenaire est monnaie courante, notion étroitement liée à la construction de notre Moi Idéal. Je développerai cela dans le chapitre suivant.
II. Le Moi Idéal
Le Moi Idéal est une formation narcissique inconsciente, correspondant à une condition de l’Idéal du Moi / à un phantasme. Le moment le plus favorable de toute l’existence est le narcissisme infantile. Le Moi Idéal ne sera jamais remis en cause, que la vie se passe bien ou pas du tout entre la mère et l’enfant. C’est un outil de base. Il se créer par identification à une personne idéalisée. Le Moi Idéal se créer par des identifications dites primaires (des héros), et l’Idéal du Moi par des identification dites secondaires (parents, milieu familial, environnement socioculturel). Je reviendrai dessus au chapitre 4.
La formation du Moi Idéal, comme de l’Idéal du Moi, est dépendante des identifications auxquelles on va se référer. Le Moi se construit comme une instance unifiée, et le Moi Idéal et l’Idéal du Moi participent à cette élaboration.
III. L’Idéal du Moi et ses relations avec la société et la passion amoureuse
En bref : L’Idéal du Moi est le personnage idéal qu’on aimerait être. Une bonne part a été transmise par nos parents, nos modèles de référence. Dans notre petite enfance, nous passons du principe de plaisir (narcissisme primaire) au principe de réalité (narcissisme secondaire). Le narcissisme secondaire est la période suivante au cours de laquelle on a prit conscience qu’on n’était pas tout seul. On a nos besoins, mais nous devons commencer à tenir compte de ceux des autres. On doit satisfaire nos besoins, mais à condition que ce soit possible.
Le passage du narcissisme primaire au narcissisme secondaire est douloureux. Cette phase est illustrée par la période de sevrage (quand on se détache de notre mère). On pourrait dire que si l’Idéal du Moi existe, c’est qu’il est nécessaire pour maintenir la protection de nos parents, et pour que notre psychisme se construise narcissiquement par l’intermédiaire de ses identifications.
Si par l’esprit nous opposions face à face le Moi Idéal et de l’Idéal du Moi, ces derniers se repousserons. En effet, lorsqu’on est trop près de l’un, on sera renvoyé vers l’autre. Si on se rapproche du Moi idéal, on aura de la culpabilité. Si on se rapproche de l’Idéal du Moi, nous serons frustré. Un Moi Idéal et un Idéal du Moi en conflit entraînent la névrose, un développement de sentiment d’infériorité à cause d’un tiraillement. À l’inverse, s’il n’y a pas de tiraillement, on ne sera pas poussé à l’action. Tout est une question d’équilibre. La recherche permanente de fusion avec l’une ou l’autre de ces notions pour ensuite amener à un recentrage est normal. C’est la condition humaine, et la condition de la névrose (état considéré comme normal dans un juste équilibre).
Quand on évoque l’Idéal du moi, on sous entend un Surmoi très fort. C’est la matérialisation du Surmoi. Quand on évoque le Moi idéal, on évoque un Ça très fort. La conception de cette théorie est à peu près la même pour tout le monde. Le Moi Idéal est le même pour la vie, mais l’Idéal du Moi évolue en permanence, parce que le personnage qu’on aimerait être évolue avec l’age au fil de nos inspirations.
Quand on parle du modèle transmis par nos parents, on peut l’imaginer plutôt facilement. Mais lorsqu’on parle de nos modèles références, peut-être un peu moins. Les modèles de références peuvent venir (entre autre) de notre environnement culturel et des normes sociales. Ces derniers peuvent définir nos notions du « bon », du « beau » et de l’« adéquat » dans le domaine de l’amour et des relations. Selon ces normes, nous devons être à la hauteur de cet Idéal, au détriment de notre bien-être personnel. Les mots suivants nous viendrons certainement à l’esprit pour continuer à illustrer cela : La beauté physique, le statut social, la réussite professionnelle, une personnalité rayonnante… Notre Idéal du Moi nous poussera à obtenir l’approbation sociale, l’amour et l’acceptation de notre partenaire. Être plus aimé, apprécié et heureux dans nos relations est en principe ce que tout le monde appelle de ses vœux.
Poursuivre l’Idéal du Moi peut impacter notre équilibre psychique. Si nous ne réussissons pas à atteindre ces normes élevées, nous devrons affronter des sentiments d’insuffisance, d’auto-dévalorisation et d’anxiété. Un cercle vicieux pourrait se mettre en place en nous comparant sans cesse aux autres, tout en nous jugeant mal en cas d’échec.
Mais, admettons hypothétiquement qu’on arrive à notre Idéal du Moi, que se passerait-il ? Ce n’est pas le paradis qui nous attend, mais un vide à combler et une certaine frustration. Le Moi fusionnera avec l’Idéal du Moi, pour régresser jusqu’au Moi Idéal. Il y aura conflit entre le Surmoi et le Moi Idéal. Les codes de valeur changeront, et ne seront plus celui du Surmoi, mais du Moi Idéal, où obéir à la loi pourrait être perçu comme une faute (par exemple).
Le regard critique face aux normes qui nous entourent est essentiel. Il serait bon de se poser les questions suivantes : est-ce que nous cherchons notre bonheur par nos actes, ou sommes-nous en train de reproduire un schéma voulu et attendu par d’autres / par la société ?
C’est là ou le fameux « recentrage » expliqué plus haut devrait intervenir pour préserver notre équilibre.
VI. L’Idéalisation dans la passion amoureuse
L’idéalisation est nécessaire pour permettre l’identification, qui à son tour permet la construction de nos Moi (Moi Idéal d’abord, Idéal du Moi ensuite, puis notre Moi unifié). En effet, on ne peut pas s’identifier à un objet que nous n’aimons pas. L’identification ne se créer pas seulement entre deux instances conscientes, ce serait trop simple. Elle peut être aussi constituée par l’identification primaire issue de notre première relation avec notre mère (Moi Idéal), par des idéaux de type culturelle (opposés ou non), à nos premiers « agresseurs » (parents, éducateurs). Ces « agresseurs » seront à ce moment là de notre vie d’enfant considérés comme « tout puissant » par le principe d’introjection (vers notre 15ème mois), nous incitant à nous affirmer par la négation de l’autre à cause d’un phantasme d’invincibilité, entraînant la méconnaissance de l’autre. C’est vers cet age aussi que nous apprenons à dire « non ».
Les connexions entre l’idéalisation, le Moi Idéal, l’Idéal du Moi et la passion amoureuse commencent à se dessiner plus clairement. Mais allons plus loin…
La conception de l’amour idéalisé pourrait nous ramener à l’enfance, car ce qui a été forgé durant cette période pourrait être considéré comme la matrice de notre conception de l’amour idéalisé. Lorsqu’on est enfant, l’idéalisation a un rôle clé : il permet de maintenir les liens d’amour et de protections des parents. Il permet également à notre psychisme de se construire narcissiquement par l’intermédiaire de nos identifications (nos parents ou nos figures d’attachement).
Mais l’idéalisation va de pair avec la notion de « perfection », qui nous pousse à éliminer tous les défauts de l’autre. L’idéalisation est teintée d’illusion et peut entraîner des conflits lorsque la réalité ne correspond pas à nos attentes. Cela peut amener la recherche de manques à combler, des schémas de comportements répétitifs, et des relations compliquées.
La problématique dans le sujet de la passion amoureuse pourrait intervenir ici : dans notre enfance, l’objet investi n’est pas perçu dans sa réalité. Il est surestimé et il voit ses valeurs transformées. Enfant, nous adorons nos parents. Notre père est un héros, et notre mère est la plus belle. Cela devrait nous rappeler un procédé qu’on connaît lorsque nous tombons follement amoureux. Pour l’amour parental, l’idéalisation est utile. Pour la passion amoureuse, c’est autre chose. Notre jugement se retrouvera faussé, et la personne que nous avons décidé (ou non) d’aimer le sera, non pas pour ce qu’elle est réellement, mais pour ce qu’on trouve ou place en elle de ce que l’on est ou de ce que l’on voudrait être soi-même.
L’objet d’amour servira alors à remplacer l’Idéal du Moi, dont nous avons parlé précédemment. Dans la même branche, parlons donc de la passion des foules et de l’assujetissement à un leader. Ce sont des états hypnotiques disposant des mêmes caractéristiques que la passion amoureuse. Par effet d’exacerbation du sentiment de « toute puissance » évoqué au premier paragraphe découlent l’absence de critique, la soumission humble, etc.
Il est possible de renoncer à son Idéal du Moi en mettant à la place de celui-ci l’objet investi : l’objet de notre amour. C’est une défaillance qui n’est pas nécessairement pathologique, car elle a un but. Elle permet aux êtres vivants de se réunir pour former société. Ce renoncement est une atteinte au narcissisme acceptée.
On comprend donc que la passion amoureuse dans ce devoir ne concernera pas que le couple, elle pourrait aussi bien désigner tous les types d’amour possible, pourvu que nous y jetons notre dévolu.
V. L’estime de soi, le narcissisme
À en croire ce que nous lisons ci-dessus, c’est comme si, arrivé dans cet état, nous n’avons plus le choix. Nous allons revivre l’amour que nous portions à notre mère, à notre père, et nous seront contraint d’être « hypnotisé » par l’être aimé. Heureusement, on sait très bien que ce n’est pas un systématisme. Quelle est donc cette notion qui nous permettrait de rester nous-même au sein d’une relation passionnelle amoureuse ?
Peut-être l’estime de soi, et le développement de notre narcissisme, de notre amour propre… Ces mots sont-ils des synonymes ?
L’Idéal érigé dans le Moi permet l’apparition d’éléments de défenses essentielles, et permet aussi l’apparition de la notion « d’estime de soi » qu’à notre Moi. Selon qui nous avons décidé d’être (de manière consciente ou inconsciente), nos exigences varieront et nous refoulerons ou non tel ou tel désir alors jugé inadmissible.
Le concept d’estime de soi est encore discuté. Mais pour le comprendre tel qu’il est proposé dans l’analyse selon la méthode de Walker et Avant (1995, 2005), voici un petit tableau :
[Tableau 1 : Résultats de l’analyse selon la méthode de Walker et Avant (1995, 2005). Lien d’accès :
https://www.cairn.info/revue-recherche-en-soins-infirmiers-2017-2-page-18.htm]
Comme on peut le lire dans le tableau : l’estime de soi n’est pas la même chose que la confiance en soi, même si les deux concepts sont liés à l’image qu’on a de nous-même. L’estime de soi réfère à la valeur qu’on s’accorde en tant qu’individu, dans sa globalité, avec notre propre échelle de valeur (qualités, compétences, accomplissements, caractéristiques personnelles, etc.). La confiance en soi serait plutôt axée sur notre capacité à accomplir des tâches spécifiques, par nos compétences notamment.
Au chapitre 3, il a été évoqué les termes « narcissismes primaires » et « narcissismes secondaires ». Ces références sont centrales dans la formation du Moi Idéal (narcissisme primaire) et de l’idéal du Moi (narcissisme secondaire). Le premier est un phantasme vécu comme une réalité, l’autre comme un but a atteindre. L’idéal narcissique se développe par l’identification primaire (la mère évidemment) qui nous permettra d’être investi par la « toute puissance ».
Mais qu’est-ce que le narcissisme et à quoi sert-il ? Ce n’est pas un stade, c’est un état en évolution permanent, occupant une grande place dans le Moi, mais pas dans son entièreté. Si le Moi peut être en conflit avec le Surmoi, le narcissisme ne le peut pas.
Le narcissisme est un investissement libidinal du Moi, à l’inverse de l’investissement libidinal objectal (les autres). C’est une attitude privilégiant la relation à soi. Elle existe dès le stade intra-utérin (le fœtus qui suce sont pouce). Sans narcissisme, la vie n’est pas possible. Nous nous faisons un « capital » de narcissisme par notre mère qui répond à nos besoins.
L’amour que nous avons reçu de notre mère nous permet de pouvoir par la suite nous aimer nous-même, même si cela pourrait s’avérer douloureux pour certains (référence à la douleur dans l’apparition du narcissisme secondaire). Si il y a carence affective, l’écart se verra à ce niveau (on s’aimera moins), et on sera plus susceptible d’être à l’affût des marques d’attention d’autrui pour compenser. Car s’il y a carence, on sera dans l’incapacité de penser autrement que de la façon suivante : « je ne mérite pas cet amour ».
L’estime de soi, le narcissisme nous montrent une chose : c’est que depuis notre naissance, c’est le regard de l’autre qui nous défini (par identification entre autres). C’est la force de l’amour qui nous a donné naissance / qui nous a permis de survivre, qui contribuera à obtenir notre confiance en nous, et à obtenir la force de courir après notre idéal (dès le narcissisme secondaire).
VI. Synthèse : L’amour de l’autre, l’amour de soi
La passion amoureuse est un équilibre délicat entre nos idéaux et la réalité de nos relations.
Pendant que notre psychisme, par les relations à notre mère / nos parents / nos figures d’attachement, nous poussent à idéaliser l’autre pour nous identifier, elles nous apprennent aussi à nous aimer par le regard de l’autre d’abord, puis par le nôtre ensuite par « capitalisation » narcissique.
De son côté, notre corps nous délivre des messages secrets et semble avoir ses petites astuces pour discuter directement avec notre inconscient via les odeurs et les phéromones. Il est un allié génétique, mais pas forcément psychique, pour prendre les bonnes décisions. En effet, le psychisme de l’autre n’a pas d’odeur.
Vient l’influence de la société où les normes qui s’y trouvent sont limitantes. Il faut équilibrer notre développement personnel et les attentes externes. S’accepter tel que nous sommes, se rendre compte que nous sommes authentiques, se valoriser, est un bon début pour débuter une relation saine. Se faire accepter en société, c’est bien. S’accepter soi-même, c’est mieux pour éviter la culpabilité et la frustration. C’est une base importante pour pouvoir aimer l’autre tel qu’il ou elle est vraiment. Car si nous sommes « carencés », nous chercherons probablement à compenser au travers de notre relation.
À l’inverse, avoir un narcissisme ne privilégiant que la relation avec soi et non la relation objectale (les autres) n’est pas bon. On chercherait alors, non pas un partenaire pour la vie, mais un beau miroir.
Comme pour presque tous les sujets, tout est une question d’équilibre. Le tout est de trouver le nôtre pour savoir si, avec l’autre, nous pourrons tenir sur la durée. Ne pas abandonner la passion et la déraison, mais les transformer en quelque chose d’autre de plus perenne, plus durable, basé sur la connaissance de l’autre et non son idéalisation. Comprendre que nous ne sommes pas parfaits et les autres non plus, mais qu’ensemble se compléter est possible pour traverser le temps.
Annexes
Ce devoir est désormais terminé. Je me permets cependant d’y placer en annexe un extrait du livre que j’ai récemment terminé et qui traite de sujets complémentaires selon moi, par rapport à notre héritage parental et son influence sur nos compétences sociales et amoureuses. Ce livre a grandement influencé ma rédaction.
Extraits issus du livre : Daniel Goleman – L’intelligence émotionnelle – Intégrale – analyser et contrôler ses sentiments et ses émotions, et ceux des autres.
Page 666 à 669 :
L’empathie dans le couple, l’apprentissage dans l’enfance, la compétence sociale.
Comprendre le terrain émotionnel d’autrui suppose une grande familiarité avec le nôtre, comme le montre une enquête conduite par Robert Levenson pour l’université de Californie. Levenson a fait venir des couples mariés dans son laboratoire de psychologie pour deux entretiens : le premier, neutre, sur le thème : Comment s’est passé votre journée ? Et le second concernait un sujet de désaccord au sein du couple. Pendant cette petite bataille, Levenson a enregistré toutes les réactions de ces couples, du rythme cardiaque aux modifications de leurs expressions faciales.
Après cette dispute, l’un des deux partenaires quitte la pièce. Celui qui est resté regarde un enregistrement de la scène pendant lequel il explicite les pensées qu’il n’a pas exprimées tout au long de ce dialogue. Puis ce partenaire quitte à son tour la pièce et son conjoint se livre au même exercice. Les êtres très empathiques font quelque chose d’extraordinaire du point de vue physiologique : ils reproduisent les mimiques de leur partenaire. Quand le rythme cardiaque de celui-ci augmente ou diminue, leur rythme cardiaque augmente ou diminue de la même façon. Ce mimétisme s’explique par un phénomène biologique, une sorte d’osmose émotionnelle intime * (Voir 4 paragraphes plus bas).
Celle-ci suppose que nous mettions entre parenthèses nos propres émotions pendant un moment afin de percevoir les signaux émis par les autres. Quand nous sommes subjugués par nos propres émotions nous devenons imperméables à ces signaux plus subtils.
Charles Darwin a émis l’idée que cette aptitude à émettre et à déchiffrer des sentiments avait joué un rôle décisif dans l’évolution humaine, pour la création et le maintien de l’ordre social. […]
Depuis des temps immémoriaux, les émotions négatives comme la peur ou la colère sont essentielles pour la survie de l’espèce, puisque ce sont elles qui incitent un animal effrayé à combattre ou à fuir. Nous sommes encore aujourd’hui, tributaires de ce fonctionnement émotionnel.
* L’effet de « miroir » physiologique qu’on observe chez les couples mariés comporte un aspect paradoxal : chez les couples qui s’entendent le moins bien, on remarque une forte tendance mimétique durant le visionnage de la vidéo de leur différend. Le conjoint qui regarde le film revit la contrariété du conjoint filmé. Ce « tango » de l’amygdale n’apporte aucun secours au mariage, toutefois, parce que, malgré une grande empathie mutuelle, ni l’un ni l’autre ne font un usage constructif de ce savoir. D’ailleurs, cette empathie reste grossière : les deux conjoints manquent d’exactitude empathique et demeurent aveugles à ce qui cause ces sentiments, aux moyens d’améliorer la situation et d’empêcher ces disputes de se répéter à l’avenir. […]
Notre système nerveux participe automatiquement à cette osmose émotionnelle (c’est encore une fois l’amygdale qui joue le rôle décisif dans cette harmonisation). Mais notre capacité d’osmose est pour une large part le résultat d’une motivation acquise, d’un apprentissage : les personnes qui ont été élevées dans un extrême isolement social ont une aptitude réduite à déchiffrer les émotions d’autrui parce qu’elles n’ont jamais appris à prêter attention à ce type de message et n’ont donc pu la développer.
Nos premières leçons d’empathie remontent à l’enfance, quand nos parents nous tiennent dans leurs bras. Ces liens émotionnels primitifs sont les premiers jalons de l’apprentissage de la coopération et de l’intégration dans un groupe. Notre niveau de compétence sociale est directement fonction de la qualité de cet apprentissage.
Les enfants qui ne saisissent pas les signaux qui leur permettraient de s’intégrer en douceur aux jeux des autres ont tendance à s’y « inviter » trop brutalement et les interrompre. Ceux qui sont plus adroits attendront, surveilleront la partie et s’y intégreront avec fluidité et naturel. Il en va de même pour les adultes : capter le « tempo » social et individuel de ceux avec qui nous travaillons est essentiel.
Bonjour Kevin
Un travail excellent qui montre bien que tu as vraiment une analyse profonde.
Tu m’as impressionné.
Bonjour Nesrine !
Merci beaucoup pour ton retour. N’hésite pas à m’envoyer le tient si tu veux haha