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Sujet n°5 – Quels sont les déterminants et les obstacles de l’identité féminine ?

Sujet n°5

Quels sont les déterminants et les obstacles de l’identité féminine ?

N’hésitez pas à compléter ce travail avec vos propres recherches en commentaire.

Détails sur le travail

Specifications

Catégorie(s) concernée(s) : Identité féminine
Auteur : Kevin Madegard
Publié le : 1 février 2025

Points évoqués

Identité féminine

Psychanalyse

Relation mère-enfant

Visage de la mère

Estime de soi

Confiance en soi

Développement libidinal

Phase orale

Introjection

Projection

Identification

Phallus maternel

Dépendances affectives

Pressions culturelles

Normes de genre

Stéréotypes de genre

Idéalisation du rôle maternel

Modèles féminins positifs

Liberté individuelle

Troubles alimentaires

Pathologies compensatoires

La Domination masculine

Le Deuxième Sexe

Identité sexuelle

Normes sociales françaises

Construction identitaire

Influences parentales

Note d'introduction

Cette recherche a été rédigée en juin 2024, et j’espère que le résultat vous intéressera. Bonne lecture !

Entre le regard de la mère et celui de la société, l’identité féminine se tisse dans un jeu de reflets où se mêlent attentes, interdits et désirs d’émancipation.

Prélude

L’identité féminine, telle que nous l’observons et la questionnons, est une mosaïque de représentations, d’expériences et d’héritages culturels. Cet écrit n’a pas la prétention d’être une vérité absolue, mais plutôt une exploration théorique, un cheminement qui croise les regards de la psychanalyse, de la sociologie et du témoignage.

Il s’agit ici d’une réflexion personnelle, nourrie par des lectures, des observations et des dialogues, qui vise à mettre en lumière certains déterminants et obstacles de la construction identitaire féminine. Il ne s’agit ni d’un dogme, ni d’une injonction, mais d’une tentative de mise en perspective des dynamiques qui façonnent cette identité dans nos sociétés contemporaines.

Les sujets abordés peuvent résonner différemment selon les sensibilités et les parcours de chacun. Cet espace se veut donc un lieu d’échange et de réflexion, où les divergences d’opinion ont toute leur place, à condition qu’elles s’expriment avec respect et bienveillance dans la zone commentaire prévue à cet effet en fin d’article.

Bonne lecture, et au plaisir d’enrichir cette discussion ensemble.

3 Table des matières

Introduction

Comment parler de ce sujet sans évoquer directement le rapport de force qui oppose les deux genres à la croisée de nombreux chemins : les normes sociétales, les points de vue culturels, physiologiques, psychologiques et historiques ?

Ce sujet pourrait très bien être de ceux qui nous animent depuis la première rencontre entre les deux sexes. D’ailleurs, peut-être l’est-il encore. Quand on s’identifie, tel que nous l’avons appris en psychanalyse en tout cas, c’est souvent par un procédé long et fastidieux « par rapport à l’autre ». Cet autre ayant plusieurs formes et genres. Ne pas parler de cet « autre » serait rater un bon deux tiers de notre identité, féminine ou masculine, si ce n’est plus.

Mais quelle est donc l’identité de cet autre ? Peut-être même sont-ils plusieurs ? Quelles seront leurs allures, caractères, comportements et genres ? Bien des notions doivent se combiner entre elles pour pouvoir définir une identité de manière complète. Les mots que j’ai utilisés deux phrases avant sont ceux qui sont plutôt régulièrement utilisés dans la vie courante pour définir rapidement et simplement quelqu’un. Mais ils peuvent porter à confusion car ils évoquent tantôt l’intérieur, tantôt l’extérieur, tantôt les deux en même temps. Clarifions-les tout de suite :

  • Allure[1] (nom féminin) : Manière de se déplacer, d’exécuter les mouvements de la marche ; vitesse à laquelle quelqu’un ou quelque chose se déplace ; manière qu’a quelqu’un de se tenir, de se présenter ; aspect général de quelque chose ; manière dont évoluent les choses ou les événements.

 

  • Caractère[2] (nom masculin) : Ensemble des dispositions affectives constantes selon lesquelles un sujet réagit à son milieu et qui composent sa personnalité.

 

  • Comportement[3] (nom masculin) : Manière d’être, d’agir ou de réagir des êtres humains, des animaux, face à leur environnement.

 

  • Genre[4] (nom masculin) : Ensemble de traits communs à des êtres ou à des choses caractérisant et constituant un type, un groupe, un ensemble ; manière d’être de quelqu’un ; comportement, attitude ; catégorie d’œuvres littéraires ou artistiques ; en sociologie, le genre renvoie à la dimension identitaire, historique, politique, sociale, culturelle et symbolique des identités sexuées.

 

Comparons l’allure aux autres mots :

 

  • Par rapport au comportement : L’allure est plus superficielle et visuelle, tandis que le comportement inclut les actions et les réactions dans divers contextes.

 

[1] Définition du Larousse. Lien : https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/allure/2461

[2] Définition du Larousse. Lien : https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/caract%C3%A8re/13058

[3] Définition du Larousse. Lien : https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/comportement/17728

[4] Définition du Larousse. Lien : https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/genre/36604

 

  • Par rapport au caractère : L’allure est ce qui est visible à l’extérieur, alors que le caractère concerne les traits internes et psychologiques.

 

Par rapport au genre : Le genre peut influencer l’allure en fonction des normes culturelles (vêtements, coiffures, etc.), mais l’allure ne définit pas le genre.

Quelque chose d’intéressant ressort : pourquoi le genre peut-il influencer l’allure alors que l’allure ne définit pas le genre ? Comment le milieu peut-il influencer notre caractère, notre personnalité et donc notre comportement ? Allons plus loin pour définir l’identité.

L’identité est une mosaïque complexe, façonnée par notre histoire personnelle, culture et ethnicité, rôles sociaux, valeurs et croyances, sexualité, profession, appartenance, santé, éducation, passions ; mais aussi ce que j’ai déjà listé : allures, caractères, comportements et genres, reflétant ainsi une richesse de dimensions interconnectées et en constante évolution.

Voilà quelques questions qui s’afficheront en toile de fond, introduisant quelques déterminants et obstacles de l’identité féminine tels que la société la perçoit… Mais ma réflexion ici sera davantage bercée par l’approche psychanalytique, qui apportera son point de vue au travers des grands sujets que j’appellerai dans cet exercice, qui seront : la construction du psychisme, la construction corporelle, le rôle du développement libidinal [5], le rôle de la mère, du père, la théorie de l’attachement, le complexe d’Œdipe, le rôle des pressions sociales et culturelles, le rôle des soutiens sociaux, et le rôle des modèles positifs.

Cette réflexion se conclura dans la partie 4 par une opposition avec une autre approche (pédopsychiatrie) au travers d’un cas spécial de dysphorie de genre. Cette analyse de cas fera entrer en collision les deux concepts tellement forts que cela détournera notre regard de la théorie analytique détaillée jusqu’alors, pour ne scruter que la réalité imposée par le soma dans son évolution au contact de la réalité…

 

[5] Métapsychologie – Madet – 2A – Cours n°11 Le développement libidinal de l’image du corps

 

I. Les déterminants de l’identité féminine

1. a. Coulisses de la mise en place de l’image du corps

L’enfant naît avec une représentation très universelle de son schéma corporel, comme le font tous les êtres humains.

La première image du corps se limite à la sphère orale. Puis le raffinement secondaire viendra différencier le moi corporel du monde extérieur. Par conséquent, si le moi corporel est excessivement grand, il aura l’impression qu’il doit retirer un peu de la mère ; s’il est excessivement petit, il faut ajouter un peu.

La maturation du corps est indépendante des expériences individuelles. Le corps dispose d’une certaine autonomie dans son développement, contrairement au psychisme qui, lui, a besoin de support. Par contre, c’est la perception de ce corps qui pourra varier, jusqu’à impacter son investissement, engendrant une esquisse posturale particulière. Cela signifie que, selon comment l’enfant se tient, on pourrait deviner en partie comment il a investi son corps [1].

Dans le schéma corporel, le regard de la mère[2] a aussi son rôle à jouer. Une fois liés, le schéma corporel et le regard de la mère donnent deux images à l’enfant : l’image de son vécu (comme gravée dans le système nerveux) et l’image de sa valeur. Quant à l’identification au père durant la période adéquate, celle-ci n’intervient pas dans l’élaboration du schéma corporel.

Enfin, comment parler du corps sans parler de sexualité ? Celle-ci joue un rôle majeur dans la construction de l’identité féminine. La découverte et l’acceptation de l’orgasme, par exemple, sont influencées par des facteurs sociologiques et personnels, notamment les antécédents familiaux et les expériences sexuelles infantiles.

Ces expériences sexuelles infantiles se font au travers de la relation avec les parents, les donneurs de soins. Les identifications aux parents, comme on a pu le voir du côté de la psyché avant, sont essentielles dans le sens où, par exemple, une mère trop protectrice ou anxiogène et un père autoritaire peuvent engendrer des troubles sexuels et une mauvaise perception de soi chez la femme [3].

 

[1] Psychopathologie – Faure – 1A – Cours n°1 Le développement de l’enfant de 0 à 2 ans. Naissance, développement perceptif et psychomoteur.

[2] Métapsychologie – Madet – 2A – Cours n°7 Le visage de la mère

[3] Métapsychologie – Madet – 1A – Cours n°36 La sexualité féminine et masculine

1.b. Coulisses de la mise en place de l’identité psychique

1.b.1 La mère

Il est difficile de ne pas commencer par-là, car il s’agit du point de départ : la mère. L’enfant, dans sa vie utérine, connaît un « Moi » et un état libidinal parfaits et idéaux. À peine sorti de cet état de « contenu » lors de l’accouchement, il fait face à plusieurs angoisses[1] (naissance, dissociation).

Le nouveau-né se défend avec des mécanismes appelés phantasmes, qui inhibent le Moi. Ces phantasmes sont essentiels au développement de la personnalité du bébé, influencés par l’inconscient.

Le bébé, au contact de la mère via le peau à peau, débute son aventure psychanalytique. Sigmund Freud, Otto Rank, Donald Winnicott et Françoise Dolto ont étudié ce domaine. Ce sont de grands noms.

Mais celle qui nous intéresse ici est Mélanie Klein. Elle a élaboré un modèle théorique basé sur des éléments cliniques, nous rapprochant de ce qui se passe chez l’enfant entre 0 et 32 mois. C’est le seul modèle connu capable d’envisager tous les comportements humains, enfants et adultes.

De 0 à 18 mois, il s’identifie à la mère. De 18 à 32 mois, il s’identifie au père. Chaque phase d’identification comprend 7 phantasmes. J’ai réalisé un résumé des premières phases au travers des schémas suivants :

[1] Angoisse vient du latin « angustiae » : étroitesse. La première angoisse est celle de la naissance.

Arrive ensuite le moment où le principe de réalité révèle qu’il y a lui et Maman, posant une distance. C’est certainement à ce moment-là que « le visage de la mère [2]» permet au bébé de savoir s’il est aimé, s’il est en sécurité. C’est son baromètre. Il s’y voit dedans, prenant alors conscience de plusieurs choses : son existence, son identité propre et son corps. Cette interaction permet à l’enfant de savoir s’il est aimable ou non, influençant ainsi son estime de soi.

Arrive le sixième mois, introduisant le stade du miroir où Lacan constatera que l’enfant, face au miroir, génèrera « un gaspillage jubilatoire d’énergie qui signale objectivement son triomphe ». En se regardant dans le miroir, il comprend qu’il est lui, et que sa mère est là à côté de lui.

L’enfant peut enfin, au bout de ce parcours, s’identifier à cette mère incontrôlable et incontrôlée pour devenir lui-même incontrôlable et incontrôlé. Ce sera la fondation de son Moi. Dans cette relation en développement, l’enfant devra toujours garder un doute sur son statut de phallus (être ayant le pouvoir) pour la mère pour développer un Surmoi sain.

 

[2] Métapsychologie – Madet – 2A – Cours n°7 Le visage de la mère

1.b.2 Le père

Arrive le rapprochement au père, qui est une tentative de la part de l’enfant de se séparer de la mère, qu’il perçoit comme très castratrice, très dangereuse pour lui dans la relation symbiotique (que ce soit voulu par la mère ou non). On utilise des mots forts tels que « dangereux », par rapport au fait que la réalité serait tellement confortable aux côtés de sa mère, qu’elle l’empêcherait d’aller voir ailleurs, et donc de grandir. Concrètement, c’est la troisième étape de ce schéma qui serait « attaquée » : Sein > Mère > Identité propre.

En parlant de « se tourner vers l’extérieur », il y a une synchronicité intéressante à constater, c’est que la vision du bébé s’améliore dès ses 18 mois, moment où il va s’intéresser au père. L’imago féminine de la mère, équivalant à une représentation du Moi identique à Maman, se « confrontera » à l’imago masculine, équivalant à une représentation du Moi identique à Papa.

Le père prive, interdit, réduit, et est vécu dans un premier temps par l’enfant comme un mauvais père. C’est le mauvais phallus. L’enfant, dans sa révolte, tentera de le contrôler et de le neutraliser. Cela ne fonctionnant pas, viendra le moment de la négociation (on appellera ça le « Moi secoué »). Arrivé entre 20 et 30 mois, il se sent contenant-contenu, pensera qu’il est une sorte de fusion entre lui et le père, et fera ce que le père ferait s’il était lui.

Cependant, si le père est trop castrateur, l’enfant n’arrivera pas à s’identifier à lui. S’en suivront des problématiques diverses en lien avec l’intégration sociale ou le respect de l’autorité. C’est l’inverse lorsque le père est perçu comme un bon objet ; l’enfant peut alors apprendre l’ordre des choses en se soumettant à la loi.

La différence du père est assez étrange, dans le sens où elle repousse autant qu’elle attire. En effet, elle n’a pas l’air de créer une relation très confortable, et pourtant elle est essentielle. Cette identification secondaire introduit l’enfant à des notions de langage, de symbolisme et de réalité sociale (la loi). J’avais commencé à l’évoquer un peu plus haut, ce moment dans la vie de l’enfant se passe durant le stade du miroir. C’est un moment où l’enfant commence à s’ouvrir à l’autre. Et Jacques Lacan appuiera l’importance de ce moment en disant qu’en plus de l’accès au symbolique et à la linguistique, il pourra acquérir l’unité imaginaire et narcissique, la formation du Moi et du désir, la confrontation à la réalité subjective, à ce qui deviendra le Surmoi.

Cet aller-retour d’identification entre la mère et le père constitue de multiples épreuves qui forgent l’identité de l’enfant, intégrant des aspects structurants pour son Moi (en le différenciant du non-Moi) et influençant profondément sa personnalité et sa structure psychique. Cette dualité dans l’identification aide à former une identité équilibrée entre les influences maternelles et paternelles, jusqu’à lui permettre l’accès au symbolisme et à la réalité sociale.

 

1.b.3 John Bowlby, Mary Ainsworth et la théorie de l’attachement *

 La théorie de l’attachement, développée par John Bowlby et Mary Ainsworth, apportera des éléments supplémentaires en indiquant que les premières interactions avec les figures d’attachement (généralement les parents) sont fondamentales pour le développement de l’identité. Les attachements sécurisés, où les besoins émotionnels de l’enfant sont correctement satisfaits, favorisent une image de soi positive et un développement émotionnel sain.

La mère est souvent la figure d’attachement primaire, fournissant un sentiment de sécurité et de réconfort. Le rôle du père est souvent plus orienté vers la découverte du monde extérieur et l’encouragement à l’exploration (on l’a vu précédemment, avec l’apprentissage de la loi par son contact).

Pour les filles, la relation avec la mère est particulièrement importante pour le développement de l’identité féminine. La mère sert de modèle de féminité et d’attachement sécurisant. Une identification positive à la mère aide à construire une image de soi solide.

Bowlby insiste également sur l’importance de ces dynamiques dans un cadre thérapeutique. C’est pourquoi, en thérapie, comprendre l’histoire d’attachement d’un individu peut aider à dénouer des problématiques identitaires et relationnelles, permettant ainsi un travail de réparation et de développement personnel.

* John Bowlby – PUF – 2002 (édition française) – Attachement et perte. Volume 1: L’attachement.

1.b.4 Le complexe d’Œdipe pour les garçons, ou d’Electre pour les filles

La théorie du complexe d’Œdipe se déroule principalement durant le stade phallique, entre 3 et 6 ans ou plus selon Freud, ou d’environ 14 mois jusqu’à 4 ans ou plus selon Mélanie Klein. Ces théories exposent les conflits relationnels entre enfants et parents à l’âge où les relations sont perçues par les enfants de manière phallique. Ainsi, l’enfant développera un intérêt pour le parent de sexe opposé.

On observe une forme de parallélisme dans le développement psychosexuel des enfants, qu’ils soient de sexe masculin ou féminin, avant l’émergence du complexe œdipien. Cette similitude se manifeste notamment par le fait que la figure maternelle est initialement perçue comme la détentrice du pouvoir symbolique (le phallus), avant que cette attribution ne se déplace vers la figure paternelle dans une phase ultérieure.

Pour parler de cette théorie en elle-même, et crever l’abcès directement : oui, ce complexe d’Œdipe a fait couler beaucoup d’encre depuis sa création par Freud jusqu’à ce jour, car il n’a pas été démontré par la méthode empirique que cette théorie existait réellement telle que décrite par son créateur. Il y a cependant eu des observations cliniques probantes par Michael Feldman, par exemple, qui a mis en évidence comment les patients projetaient leurs désirs et conflits œdipiens sur le thérapeute, recréant ainsi des scénarios de rivalité et de désir inconscients.

Quoi qu’il en soit, les psychanalystes modernes, influencés (entre autres) par Mélanie Klein, ont réinterprété le complexe d’Œdipe pour inclure des aspects de l’angoisse précoce et des relations objectales. Ces perspectives offrent des vues plus nuancées sur le développement psychosexuel et les conflits intrafamiliaux, mais elles ne fournissent pas non plus de preuves empiriques définitives.

Carl Jung revisita lui aussi cette théorie pour l’adapter aux femmes, ce pourquoi je vais m’y intéresser dans le cadre de cet écrit sur l’identité féminine. Carl Jung proposa donc « le complexe d’Electre », en référence à un personnage de la mythologie grecque, fille d’Agamemnon et de Clytemnestre. C’est un personnage mythologique qui a une forte connexion avec son père et un conflit avec sa mère. On retrouve la même logique qu’avec Œdipe : Électre aida à venger le meurtre de son père en conspirant pour tuer sa mère, Clytemnestre.

Aussi, dans le cadre du complexe d’Electre, plus la mère désirera le père, plus l’enfant ressentira ce désir, et plus cette théorie prendra vie. La fille éprouvera des sentiments d’amour et d’attachement envers son père, désirera être le centre d’attention de celui-ci, et pourra manifester une jalousie ou une rivalité envers sa mère de sorte à obtenir l’amour exclusif du père (complexe d’Electre positif). Si tout se passe bien, il devrait s’ensuivre une phase de renoncement du père pour s’identifier à la mère. Ce n’est pas nécessairement pour lui ressembler, mais pour intégrer les rôles de genre et les normes sociales, et se préparer à ses futures relations et rôles en tant que femme adulte (complexe d’Electre négatif). Les termes « positifs » et « négatifs » ne jugent pas de la valeur morale, mais indiquent bien la position des désirs et des rivalités.

Commençons à évoquer les différences qui se sont dessinées.

1. Pour compenser l’envie du phallus (et non du pénis) ressentie par les garçons, il est intéressant de noter que les filles surmontent cette frustration en développant souvent une maturité nettement supérieure, avec plusieurs années d’avance, dès l’âge de 5 ou 6 ans.

2. À la sortie du complexe d’Œdipe, le garçon verra sa sexualité confirmée par la mère, alors que la fille devra attendre l’adolescence pour que sa sexualité soit pleinement confirmée. Il y a clivage total corps-esprit. Cela s’explique par le fait que durant l’Electre, la fille se sépare de l’attachement primaire à la mère pour se tourner vers le père, mais que ce sera insuffisant. En effet, la société et la dynamique familiale (pour des raisons à la fois éducatives, sociales, culturelles, etc.) ne valident pas immédiatement sa féminité. La fille fait l’objet d’une certaine distance d’avec le père. Elle est aimée comme un enfant, mignonne, adorable, mais non désirée comme corps de fille. Et puis, elle n’a pas le pénis du père, et n’a pas les formes de la mère. Le ressenti de la petite fille, objet non œdipien pour sa mère, va être celui de l’insatisfaction. La période de latence viendra boucler le cycle pour le recommencer ensuite à l’adolescence.

3. La place de la femme dans la société reflète cette recherche permanente de ce statut féminin : rarement satisfaite de ce qu’elle a, rarement satisfaite de ce qu’elle est. Elle enviera souvent les autres corps que le sien, se maquillera en ce qu’elle n’est pas pour « jouer » à la femme. Par conséquent, elle rejettera certaines parties de son corps car déplaisantes aux yeux des autres (mais aux yeux de qui originellement ?). L’identité féminine serait un genre qui ne se suffirait pas à lui-même, et qui devrait rajouter des « preuves » de sa nature (ici féminine). Et cela n’a pas forcément quelque chose à voir avec la question sexuelle, même si pour compenser le manque de ressemblance avec le corps de sa mère, la petite fille s’empressera de développer une amitié forte avec les autres filles. On parlerait « d’échelle multiple de valeur » : mille raisons qui ne tiennent pas compte de son sexe réel. Mais jusqu’où peut conduire l’absence de désir du « premier autre » ? Jusqu’où peut conduire cette impossibilité de se comparer à la mère ou au père ?

Il y a une petite phrase de Freud qui dit à propos de la sexualité féminine : « il ne s’agit pas de trouver l’objet, mais de le retrouver ». Il parle de l’objet féminin. C’est-à-dire que le statut féminin est en jeu. On parle de présent interdit et de futur attendu.

Parlons donc de ce futur, que j’ai déjà en partie évoqué : l’adolescence sera ce moment où la confirmation de son identité sexuelle se produira généralement à travers des expériences relationnelles et sociales plus tardives, souvent hors du cadre familial immédiat. Cette attente prolongée peut entraîner une phase d’incertitude ou une recherche identitaire plus longue. Ces différences montrent que les filles sont plus armées que les garçons par rapport aux épreuves affectives qui les attendent.

Après avoir évoqué les différences filles / garçons, voyons une similitude importante : pour l’un comme pour l’autre, ce sera la naissance affirmée du Surmoi. Il est l’héritier du complexe d’Œdipe / d’Electre. Il s’agit de l’interdit appris durant cette épreuve. Le Surmoi est civilisateur et permet à l’enfant d’intégrer pleinement la vie citoyenne. Le Surmoi est garant du respect de la morale.

Je suis en train d’évoquer le Surmoi, alors comment ne pas faire de même avec son frère jumeau : l’idéal du Moi. En effet, les deux se développent à partir des mêmes sources d’influence (parents, figures d’autorité, normes sociétales).

1.b.5 L’idéal du Moi

La différence entre les deux réside dans le fait que le Surmoi impose des interdits et critique les écarts, tandis que l’idéal du Moi représente les aspirations positives et les buts à atteindre. Il est en quelque sorte « l’attitude » à adopter pour répondre au Surmoi.

Ils sont les deux faces d’une même médaille dans la régulation de la psyché et du comportement de l’individu.

Laplanche dit que l’idéal du Moi guide l’individu pour savoir comment il doit répondre au Surmoi [1]. En effet, l’idéal du Moi représente les aspirations et les standards élevés que l’individu cherche à atteindre, souvent internalisés à partir des attentes parentales et sociétales. Le Surmoi, quant à lui, exerce une pression morale en imposant des interdits et des règles. Ainsi, l’idéal du Moi et le Surmoi fonctionnent en tandem pour orienter le comportement de l’individu, le premier fournissant des objectifs à atteindre, tandis que le second veille à ce que ces objectifs soient conformes aux normes morales et éthiques intériorisées.

 

[1] Wikipédia. Lien : https://fr.wikipedia.org/wiki/Surmoi + Citation de Mme Sandrine Lagarde (psychologue clinicienne).

1.c. Préparation aux épreuves externes

Pourquoi avoir structuré mon écrit de la sorte ? Pour valider le fait que les filles et les garçons avancent sans différences [1] jusqu’à un certain point, notamment pendant la construction de leur psychisme, pendant la construction et leur investissement corporel, pendant leur développement libidinal, pour ensuite définir quels rôles ont eu pour eux la mère et le père de par leur présence et leur caring, pour ensuite évoquer logiquement la théorie de l’attachement décrite par Bowlby et Ainsworth.

Ensuite, j’ai commencé à présenter les différences naissantes à l’arrivée de l’Œdipe / d’Electre. Je suis donc parti du postulat que, pour définir les déterminants de l’identité féminine, il fallait que je détermine à partir d’où elle commençait, et donc à partir d’où elle se différenciait de l’identité masculine. C’est chose faite.

J’ai également montré comment les différentes étapes (si elles ont bien été traversées sans fixation, ni traumatismes, ni aléas génétiques) amènent inévitablement à l’ouverture au monde, à son exploration, à la vie en société. Cela conduit à la deuxième partie de la construction de l’identité féminine : le point d’interface qui va à présent se dessiner entre ces épreuves internes, qui vont devoir cohabiter avec les épreuves externes.

 

[1] Exception faite pour deux choses. 1 : À leur naissance, les filles ne sont pas au contact du sexe opposé pour alimenter leur désir, au même titre que les garçons avec leur mère. Parlons concret : cliniquement, il a été prouvé que les mères accordent beaucoup plus de soin à leur bébé garçon que fille. 2 : Elles n’ont pas de premier objet d’amour, car rares sont les pères qui vivent à la maison pouponnant leur fille (ça ne veut pas dire que ça n’existe pas). Cependant, elles craignent la perte de l’amour de la mère.

1.c.1 Narcissisme

La construction du narcissisme est intrinsèquement liée au développement du surmoi et de l’idéal du moi. Le narcissisme, en tant qu’amour de soi, influence fortement la manière dont les individus se perçoivent et interagissent avec le monde extérieur.

Un narcissisme sain est essentiel pour une identité féminine forte et résiliente. En revanche, des perturbations dans cette construction peuvent rendre les femmes plus vulnérables aux pressions et attentes sociétales. Et nous avons pu constater qu’elles partent déjà avec une différence par rapport à l’homme dans leur entrée en société : elles sont en état d’incertitude et ont besoin de confirmation extérieure.

Nous le devinons, ce qui est nommé « extérieur » n’est autre que la société, empreinte de sa culture et de ses attentes. Pour obtenir la confirmation de son identité sexuelle, elle devra soit s’y conformer, soit trouver une autre manière de faire sa place. Le narcissisme sera l’énergie dont la femme aura besoin pour faire preuve de ténacité et de résilience dans un monde qui leur impose des rôles et des attentes spécifiques.

 

 

1.c.2 L’opposition homme-femme

On pourrait s’étonner de voir ce sujet ici plutôt que dans la partie 2, qui parle des obstacles à l’identité féminine. En réalité, c’est assez logique : l’identité d’une femme se façonne en fonction de la place que la société lui accorde, que cette place soit satisfaisante ou non. Comme on l’a vu dans la partie sur l’Œdipe et Électre, ce processus psychologique complexe laisse des marques chez tout le monde, hommes et femmes. Mais pour les femmes, cela a des conséquences particulières sur leur relation à la société, aux autres, et surtout aux hommes :

  • Les femmes se retrouvent contraintes de se plier aux normes masculines (pour être acceptées, désirées, et définir leur identité).
  • Les femmes ont tendance à se méfier des autres femmes (c’est un reste de la jalousie qu’elles éprouvaient enfant envers leur mère pour des attributs qu’elles n’avaient pas).

Cela introduit un sujet que nous connaissons bien : l’opposition homme-femme, ou plus exactement, la domination des hommes sur les femmes. Bien des auteurs ont écrit sur la domination de l’homme sur la femme, mais j’ai décidé de n’en choisir que deux : Pierre Bourdieu et Simone de Beauvoir.

Pierre Bourdieu était un sociologue français célèbre pour ses travaux sur la domination symbolique et les structures sociales, notamment dans « La Domination masculine », où il analysait comment les normes patriarcales façonnaient et maintenaient l’identité féminine subordonnée. Quant à Simone de Beauvoir, elle était une philosophe et écrivaine française. Elle était une figure centrale du féminisme, connue pour « Le Deuxième Sexe », où elle explorait la construction sociale de l’identité féminine et critiquait les mythes et représentations culturelles qui maintiennent les femmes dans une position subalterne.

Ils sont à mon sens les pionniers concernant ce sujet, même si on pourrait parler aujourd’hui de Judith Butler, Bell Hooks, Roxane Gay ou Rebecca Solnit. Ce sont des philosophes et théoriciennes, écrivaines féministes, auteures et critiques, essayistes et activistes. Leurs objectifs sont d’influencer et de façonner les discussions sur l’identité féminine aujourd’hui.

 

1.c.3 Pierre Bourdieu

Commençons par Bourdieu [1]. Concernant les déterminants de l’identité féminine, j’ai levé trois points intéressants dans son ouvrage : les structures symboliques, les « Habitus », et la violence symbolique.

 

[1] Pierre Bourdieu – Éditions du Seuil – 1998 – La Domination masculine.

1.c.3.1 Les structures symboliques

Concernant les structures symboliques, Bourdieu montre que le langage, les rituels et les pratiques culturelles renforcent la subordination des femmes. Ces structures influencent profondément la perception de soi des femmes et leur rôle dans la société.

Commençons par le langage : les mots, expressions et discours véhiculent des valeurs et des normes patriarcales. Par exemple, les adjectifs souvent utilisés pour décrire les femmes, comme « douce » ou « émotive », renforcent des stéréotypes de genre.

Pour les rituels sociaux, comme les mariages ou les cérémonies religieuses, Bourdieu explique qu’ils codifient les rôles de genre et les hiérarchies. Ces pratiques perpétuent la vision traditionnelle des femmes comme subordonnées aux hommes.

Pour les pratiques culturelles, si on jette un coup d’œil aux médias et à la publicité, ils diffusent des images et des récits qui maintiennent les femmes dans des rôles limités. Par exemple, les représentations des femmes comme principalement responsables des tâches domestiques.

En étant constamment exposées à ces messages, les femmes peuvent développer une auto-perception réduite et accepter des rôles subordonnés comme normaux et naturels.

Pour conclure sur une image symbolique, construisons-la ensemble. Quel serait le premier symbole qui vous viendrait en tête si on vous demandait d’imaginer une représentation complète de l’identité féminine ? Cette représentation changera selon votre âge, votre genre, et selon votre place dans la société.

Pour la moyenne, disons qu’il est probable que l’image qui arrive soit « la mère qui aime tendrement ses enfants ». Que ce soit dans la littérature, le cinéma ou bien d’autres formes, l’amour de la mère pour ses enfants est sacralisé. En même temps, comment le critiquer ? C’est pourtant ce que les temps modernes proposent, en signalant qu’au vu de la surpopulation actuelle dans le monde, se reproduire n’est plus à l’ordre du jour, et que cela laisse tout le loisir à la femme de rattraper l’homme dans sa conquête de ses besoins d’accomplissements. Les enfants, on verra après.

1.c.3.2 L’habitus

Le concept d’habitus, central chez Bourdieu, désigne un ensemble de dispositions durables et transposables, inculquées par les conditions sociales, qui orientent les perceptions, pensées et actions des individus. Il est structuré par les expériences passées et structurant des pratiques futures.

Chez les femmes, l’habitus se manifeste par l’incorporation inconsciente des attentes et des normes patriarcales. Dès le plus jeune âge, les filles sont socialisées à adopter des comportements conformes aux rôles de genre traditionnels, incluant la soumission, la douceur et le dévouement. Cette socialisation influence l’auto-perception des femmes, les amenant à se voir comme naturellement adaptées à des rôles subordonnés et à accepter passivement ces rôles.

L’habitus féminin, produit de la domination masculine, perpétue les inégalités de genre en rendant difficile la remise en question de la subordination. Fonctionnant à un niveau préconscient, il fait que les femmes reproduisent des comportements subordonnés sans en être pleinement conscientes. Pour Bourdieu, comprendre l’habitus est essentiel pour saisir comment les inégalités de genre sont maintenues et reproduites.

1.c.3.3 La violence symbolique

Pour conclure sur le troisième concept de Bourdieu, il décrit la violence symbolique comme une forme de pouvoir qui s’exerce par le biais de la perception et de l’appréciation des individus, de manière inconsciente et subtile. Elle s’impose sans coercition physique, à travers les normes, valeurs et représentations culturelles.

Cette forme de violence est intériorisée par les dominés, qui en viennent à accepter et même à justifier leur propre subordination. Pour les femmes, cela signifie intégrer les normes patriarcales de telle manière qu’elles perçoivent leur place subordonnée comme naturelle et légitime.

En internalisant ces normes, les femmes se limitent dans leur capacité à se voir et à agir en tant qu’individus autonomes. La violence symbolique créer des structures mentales qui façonnent leur vision du monde et de leur rôle, les empêchant de remettre en question les inégalités et de revendiquer leur pleine autonomie.

1.c.4 Simone de Beauvoir

Intéressons-nous maintenant à Simone de Beauvoir avec trois concepts que j’ai retenu de ses travaux [1]: la construction sociale du Genre, les mythes et représentations, le corps et la sexualité.

 

[1] Simone de Beauvoir – Éditions Gallimard – 1949 – Le Deuxième Sexe

1.c.4.1 Construction sociale du genre

Simone de Beauvoir affirme que l’identité féminine est une construction sociale, et non une donnée biologique immuable. Sa célèbre phrase « On ne naît pas femme, on le devient » signifie que les femmes sont façonnées par les attentes et les normes sociales et culturelles. Dès l’enfance, les filles sont conditionnées à adopter des comportements, des attitudes et des rôles spécifiques qui sont définis par la société. Cette socialisation différenciée conduit à l’acceptation et à la perpétuation des rôles de genre traditionnels.

1.c.4.2 Mythes et Représentations

Elle explore également comment les mythes de la féminité, tels que ceux de la maternité et de la domesticité, justifient la subordination des femmes. Ces mythes créent des attentes restrictives et façonnent l’identité féminine en assignant aux femmes des rôles spécifiques. Par exemple, le mythe de la femme idéale comme épouse et mère dévouée limite les opportunités et les aspirations des femmes en dehors de la sphère domestique.

1.c.4.3 Corps et Sexualité

Simone De Beauvoir examine comment le corps féminin est perçu et contrôlé par la société patriarcale. Elle explique que la sexualité féminine est souvent réprimée et utilisée comme un moyen de domination. La société impose des normes de beauté et des comportements sexuels qui restreignent l’autonomie des femmes. De Beauvoir souligne que la libération des femmes passe par la reconquête de leur corps et de leur sexualité, en se libérant des contraintes et des attentes patriarcales pour se réapproprier leur identité corporelle et sexuelle.

1.c.5 Synthèse des déterminants de l’identité féminine

N’est-ce pas grâce à l’existence de personnalités fortes telles que celle de Simone de Beauvoir, que nous pouvons constater ce qu’est une identité féminine accomplie ? Une identité autonome, cultivée, à la forte personnalité, amante enflammée, reconnue par la société, contestée certes, mais qui sait défendre ses idées…

Par curiosité, je me suis demandé si la vie de cette dame, forte de ce qui a été dit jusque-là, pouvait nous éclairer sur le sujet. Un petit résumé de sa vie se trouve en annexe 1. Je vous invite à la consulter, c’est éclairant.

Imaginons que cette dame puisse lire cet écrit, à quoi ressemblerait sa relecture de la première partie ? Peut-être celle-ci :

L’importance de la mère dans la construction de l’identité féminine est évidente, mais souvent limitée par les attentes patriarcales qui contraignent la féminité projetée à la fille. Le père, représentant l’autorité et l’accès au monde extérieur, joue un rôle dans la préparation des filles à accepter des rôles subordonnés par identification avec une mère soumise et la quête de l’approbation paternelle.

Les relations d’attachement, influencées par les structures sociales et les modèles traditionnels de la famille nucléaire, perpétuent les inégalités de genre, construisant l’identité féminine dans un contexte de dépendance et de subordination plutôt que d’égalité et de réciprocité.

Pourrait-on conclure que cette analyse retracerait ce qui a été dit d’un point de vue psychanalytique (analyse qui existait déjà à son époque), en plaçant en perspective la condition de la femme dans les années 50 ? Sans oublier qu’entre-temps, jusqu’en 1970, se sont produites de grandes transformations sociales, économiques et politiques majeures qui ont remodelé les dynamiques de genre et les rôles familiaux.

 

Nous parlons là du vingtième siècle, et pourtant voici ce que j’ai pu retrouver dans mes archives [1] :

« L’homme et la femme participent d’un commun accord à une sorte de distribution des rôles où l’homme, ayant écarté la femme de la fonction sociale, lui assigne la seule fonction familiale. Le sexisme à l’intérieur de la famille figure de façon aussi intransigeante qu’à l’extérieur. La femme est face à l’enfant, l’homme est face à l’argent. Quel étrange père avons-nous là, qui a désiré des enfants pour ne pas s’en occuper ! Quelle étrange mère connaissons-nous qui se réjouit d’avoir, à elle seule, toute la charge des enfants ! Cet enfant, désir des deux parents, devient par sa naissance au sein d’une famille patriarcale « l’objet de la mère » uniquement. Assez rares sont les femmes qui ne se croient pas d’irremplaçables éducatrices, et ne prennent pas dans ce registre, l’homme pour un incapable.

Mais qui leur a mis ces idées en tête sinon l’homme lui-même qui, dans son acharnement à éviter la femme, a réparti les charges entre l’extérieur et l’intérieur ? Se réservant l’extérieur, il abandonne l’intérieur à sa femme, de sorte qu’ils ne se rencontreront jamais plus, pense-t-il, sur le même terrain. »

Aujourd’hui, dans tout ce qui a été écrit, qu’est-ce qui appartient au passé, et qu’est-ce qui appartient à notre époque ? Je laisserai les sociologues, les féministes et les autres experts du sujet trancher sur la question.

Par contre, concernant la question des déterminants de l’identité féminine, trouver des points communs entre la mère et la fille pour les connecter, nous l’avons compris, est primordial.

Par conséquent, il serait utile de se demander : et si on arrêtait d’oublier le clitoris ? Et si les femmes lâchaient du lest sur la garde des enfants pour laisser la place au compagnon dans ce complexe d’Œdipe ou d’Électre ? Mais… n’est-ce pas ce qui s’est passé, ou est en train de se passer, dans les sociétés occidentales ? Quelles en sont les conséquences ?

 

[1] Métapsychologie – Madet – 2A – Cours n°13 et 14 Une autre psychanalyse (P1 et P2)

II. Les obstacles (et défis) de l’identité féminine

Cette partie deux sera le miroir de la partie une, en plus court car focalisée sur les aspects négatifs des développements précités.

2.a. Passer à côté de son corps

L’identité féminine passant évidemment par le fait de s’accaparer son corps, les peurs de l’agressivité perçue dans l’acte sexuel sont à évoquer. Elles vont de pair avec la peur de se faire rejeter par l’autre. La peur de la pénétration et de la douleur associée à des souvenirs ou des interprétations personnelles de l’acte sexuel peut constituer un obstacle majeur dans cet épanouissement identitaire. Une personne pour qui ça « se passe mal » pourrait se demander si elle est « faite » pour ça, si elle est bien à sa place, si quelque chose dysfonctionne chez elle, voire même se dire qu’elle n’habite pas le bon corps.

Nous l’avons vu, la société et les normes culturelles n’attendent pas et ont déjà défini leurs attentes concernant cette identité. Ces attentes pour l’identité féminine peuvent engendrer une angoisse de castration et la vérification constante du désir de l’autre par des artifices comme le maquillage et les vêtements, illustrant bien la pression sociale pour maintenir une certaine image de féminité telle qu’attendue.

Oui, ce passage pourrait sembler être une redite de la partie sur l’Œdipe / Électre. Mais fort de ce qu’on sait déjà, et sachant que le maquillage est une création pure : est-ce que le maquillage fait partie de l’identité féminine, ou avec le temps et les évolutions sociétales, la femme va-t-elle vouloir se débarrasser de cet artifice ? Le narcissisme féminin va-t-il y parvenir ? Certaines s’en servent comme d’outil stratégique dans leur relation aux autres, d’autres le subissent.

Avez-vous déjà entendu une femme se plaindre parce qu’on s’inquiétait pour elle à cause de son air fatigué ? Ce à quoi il est usuel d’entendre en réponse : « Génial, voilà ce qu’on me dit quand je ne me maquille pas ».

2.b. Passer à côté de sa mère (Bowlby)

Les attachements insécurisés à la mère (trop anxieuse, trop protectrice) peuvent entraîner des problèmes d’identité et de sexualité. Un attachement anxieux ou évitant peut conduire à des difficultés dans les relations intimes et à une image de soi négative. Bowlby explique que les enfants ayant des attachements insécurisés peuvent développer des stratégies défensives qui affectent leur capacité à former des relations saines à l’âge adulte. Une identité ainsi en défense ne saura pas se développer aussi bien qu’une identité en paix.

2.c. Passer à côté de son Idéal du Moi

L’écart entre les exigences du surmoi et les idéaux de l’idéal du moi peut générer des conflits internes, comme des sentiments de culpabilité ou d’insuffisance.

Les femmes sont souvent confrontées à des attentes contradictoires : être à la fois indépendantes et dévouées, ambitieuses et modestes. Par exemple, une femme qui aspire à une carrière professionnelle épanouissante (idéal du moi) peut se sentir coupable de ne pas consacrer suffisamment de temps à sa famille, en raison des normes sociales et des attentes familiales (surmoi). C’est une recette magique pour obtenir un stress important et une diminution de l’estime de soi.

Les femmes doivent avoir des épaules solides. En effet, la société leur impose souvent des standards élevés et parfois irréalistes, créant ainsi des écarts difficiles à combler. Par exemple, les médias véhiculent souvent des images de femmes parfaites, réussissant à jongler avec succès entre carrière, vie familiale et apparence physique irréprochable. Ces représentations exacerbent le sentiment d’insuffisance chez de nombreuses femmes, qui se sentent incapables de répondre à ces attentes.

Enfin, Bourdieu et De Beauvoir se sont déjà chargés de répondre à l’interface de l’idéal du moi féminin avec la société.

2.d. Fixation Orale et les Troubles d'Identité

Ce stade précoce du développement psychosexuel, où la bouche est la principale source de plaisir et de satisfaction durant la première année de vie, joue un rôle important dans la formation de l’identité. Une fixation à ce stade peut entraîner des comportements et des troubles spécifiques à l’âge adulte : dépendance émotionnelle, recherche constante de réconfort, troubles alimentaires, dépendances aux substances, etc.

Statistiquement, les femmes sont plus touchées par les troubles du comportement alimentaire (TCA) et les dépendances émotionnelles, tandis que les hommes sont plus touchés par les dépendances aux substances[1].

Parlons encore du stade oral… Au point de départ, le désir émane du corps-à-corps lors du premier contact, puis des autres. À ce premier contact étaient confondus désir, amour et aimance. La présence de l’objet (la mère) est donc obligatoire. La frustration doit l’être tout autant (obligatoire), pour pouvoir se passer de la présence de l’objet (et donc de la mère, pour avoir accès au symbolique – l’interface avec les autres). Pour cela, il faut que l’objet ait été suffisamment présent durant l’enfance.

L’enfant a jusqu’à 3 ans pour confondre amour et aimance, c’est normal. Après, ça ne l’est plus, et on peut parler de « fixation ». Ce qui doit répondre à cette question, c’est le complexe d’Œdipe / d’Électre.

Si le symbolique ne se construit pas, ce sera la psychose, et l’identité féminine ne sera plus à l’ordre du jour. En effet, la psychose se définissant en partie par une perte de contact avec la réalité et avec les autres… si les autres ne sont plus là, alors l’identité non plus (surtout l’identité féminine).

 

[1] Informations obtenues lors de mon passage du PSSM (Premiers Secours en Santé Mentale). Voir le manuel, 4ème édition du manuel australien rédigé par Betty Kitchener, Anthony Jorm et Claire Kelly.

III. Les soutiens et solutions dans cette construction

3.a. La Thérapie Analytique

Il paraît[1] que l’essentiel de notre développement psychologique et émotionnel (et donc une bonne part de notre personnalité) est défini dès nos 5 ans. Est-ce qu’on s’arrête d’évoluer pour autant ? Que nenni. Notre plasticité synaptique et structurelle nous permet de nous remettre en cause continuellement. Aussi, certains outils ont été mis en place en cas de problématiques pour aider à retrouver le chemin qui nous correspondrait le mieux : celui de notre identité réelle et profonde.

Par exemple : revisiter et réparer les traumatismes de l’enfance liés à la relation avec la mère, c’est possible. Ce qu’on appelle « le transfert thérapeutique » permet de reconstituer les conditions de l’enfance et de travailler sur les éléments non résolus, facilitant ainsi la reconstruction de l’identité féminine de manière plus saine et équilibrée. Alors, il ne faut pas s’en priver.

 

[1] Sigmund Freud.

3.b. Les supers copines (rôle des modèles positifs)

Il faut rendre à César ce qui appartient à César : que serait une identité féminine sans ses super copines ? Alors rendons-leur hommage en lisant ce qu’elles permettent :

  • Elles sont de vraies agents de socialisation, de soutien émotionnel et de modélisation comportementale.
  • Elles fournissent un espace sécurisé pour explorer des aspects de l’identité et expérimenter différents rôles, réduisant ainsi les conflits internes entre le surmoi et l’idéal du moi.
  • Elles se soutiennent entre elles pour apprendre à naviguer dans les attentes sociétales et à développer des compétences sociales et émotionnelles.
  • Si la relation avec la mère ou le père est compliquée, les super copines peuvent offrir un miroir alternatif pour l’identité féminine. Elles permettent de pallier les manques affectifs et de fournir des perspectives différentes sur les rôles de genre.
  • On se rappelle bien que durant la période de latence et l’adolescence, où l’identité sexuelle et sociale se forme intensément, les super copines deviennent des figures de référence. Elles aident à valider et à confirmer les aspects de l’identité féminine qui peuvent être en conflit ou en développement, notamment en fournissant des feedbacks et en renforçant des comportements positifs.
  • Et enfin, inspirées par Simone de Beauvoir et d’autres, les super copines aident à renforcer la résilience face aux pressions sociales et aux normes patriarcales. Elles fournissent un réseau de soutien qui permet de résister aux attentes irréalistes et aux rôles subordonnés imposés par la société. Ensemble, elles peuvent créer des espaces de résistance et de redéfinition des rôles de genre.

 

Les super copines, ce n’est pas qu’« utile », c’est indispensable pour s’armer et se soutenir face aux vicissitudes et aux exigences de la vie.

IV. Analyse de cas

Quand j’étais petit, j’adorais détruire mes « châteaux de tuiles » pour ensuite en reconstruire de plus beaux. J’ai gardé cette habitude pour mes raisonnements et mes écrits. Comme je l’avais promis en introduction, voici donc un cas concret qui va venir nous imposer une réalité et mettre à mal les stéréotypes exposés jusqu’alors.

Quand j’ai découvert le titre de cet écrit, je me suis précipité sur ARTE. Je savais que toute une série de vidéos avait été placée sous la collection « C’est pas ton genre[1] » dans la catégorie « Culture et pop ». La première vidéo qui a attiré mon attention s’intitulait « Petite fille », et annonçait la couleur dès les cinq premières minutes de visionnage.

J’y voyais un médecin de famille parler à une mère qui racontait sa relation avec sa petite fille nommée « Sacha ». Sacha était en souffrance : celle-ci était biologiquement un garçon, mais depuis qu’elle était en âge d’identifier son sexe, elle détestait son pénis et pestait contre son incapacité à ne pas pouvoir « avoir de bébé dans le ventre ». Depuis l’âge de 2 ans et demi / 3 ans, elle répétait à sa mère « Quand je serai grand, je serai une fille ». La mère lui répondait que ce n’était pas possible. Ce refus engendrait systématiquement un état de désarroi profond chez l’enfant.

La mère constatait avec le temps que ce n’était pas qu’une « passade » et que ces idées restaient dans l’esprit et le corps de l’enfant. En 2024, elle aurait 14 ans. Voici ce que le médecin de famille demanda à la mère :

« Madame, cette grossesse était-elle désirée ?

  • Oui.
  • Avez-vous inconsciemment désiré une fille pendant la grossesse ?
  • Pas inconsciemment : oui c’était clair pour moi, je voulais une fille.
  • Comment avez-vous vécu que vous portiez un garçon ?
  • Je l’ai mal vécu. J’ai même été très déçue ce jour-là.
  • Je ne suis pas compétent pour remédier aux problèmes que vous rencontrez. Il faudra voir des personnes très spécialisées dans ce domaine. Certainement vers Paris. »

S’en suivit alors toute une culpabilité dont l’homme, selon les dires de la maman, avait l’avantage d’être détaché. « Ai-je pensé quelque chose trop fort ? C’est de ma faute s’il a et va avoir une vie compliquée. Ai-je mangé quelque chose qu’il ne fallait pas ? etc. »

Après avoir parcouru les trois premières parties de cet écrit, entrer dans cette quatrième où l’on lit la possibilité qu’une identité féminine puisse se déployer, s’élaborer, se travailler dans le corps biologique d’un petit garçon est surprenant et déroutant.

Il est aussi intéressant de constater la grande culpabilité de la mère face au choix de genre de sa progéniture. Il est acquis que c’est parce qu’elle aime son enfant. Oui. Mais aussi, dans la psychanalyse que nous étudions, nous comprenons que la mère n’est pas que la matrice biologique : elle est aussi celle qui insuffle ses désirs, son inconscient, ses fantasmes à son enfant. Elle donne naissance à bien des niveaux.

Elle n’est pas qu’un modèle de personnalité pour le bébé, elle n’est pas que « tout », elle est également « lui » jusqu’à un certain âge. Elle y insufflera d’ailleurs son « Moi », alors introjecté par lui par le biais fantasmatique primaire d’absorption (vu en 1.b.1).

Revenons à la vidéo : après quelques péripéties démontrant les problèmes d’intégration dans la société / l’école lorsqu’on représente une différence, la mère arrive face à une pédopsychiatre spécialiste de la question.

À nouveau, la mère questionnera sa responsabilité et déposera sa souffrance. La médecin répondra que non, ce n’est pas sa faute. Ce n’est pas par le « souhait » qu’on peut changer l’identité d’un enfant, ni par rapport à des actes (sauf injonctions et répétitions en vue de formater un genre différent chez l’enfant). On ne connaît pas l’origine de la dysphorie de genre, on sait juste d’où elle ne vient pas.

En psychanalyse, on s’interrogera et on notera plusieurs choses :

  • Que l’enfant est très fusionnel avec sa mère.
  • Que sa mère lui prépare un biberon de lait chocolaté alors que l’enfant a 7 ans.
  • Que l’enfant, lorsqu’il est filmé en tout cas, refuse de parler à la médecin (car parler c’est se séparer). Ce sont les adultes qui l’aident à sortir les mots qui vont bien.
  • Etc.

Mais est-ce que cela fait avancer la situation de quelque manière que ce soit ? Travailler leurs inconscients pourrait-il aider l’enfant ou sa mère à aller mieux dans ce présent qui est le leur ?

La pédopsychiatre de son côté a tranché : après avoir interrogé l’enfant pour s’assurer du bien-fondé de sa demande et de celle de la mère, après avoir effectué de nombreux tests, le traitement hormonal est programmé pour empêcher l’adolescence de révéler les premiers signes de puberté chez Sacha.

Bien des aspects de mes études me viennent à l’esprit au travers de ce cas, notamment les dangers de l’Œdipe, mais pour le garçon cette fois… Donc là n’est plus le sujet. Je me contenterai de conclure cet écrit par la phrase de David Gourion [2] :

« Il n’y a point d’acquis sans inné, point de psychisme sans cerveau, point de spiritualité et de vie de l’esprit sans neurones. »

 

[1] Lien vers la vidéo : https://www.arte.tv/fr/videos/083141-000-A/petite-fille/

[2] David Gourion est un psychiatre et neurologue français, ancien chef de clinique à l’hôpital Sainte-Anne à Paris. Il est également auteur de plusieurs ouvrages destinés au grand public, notamment sur des sujets liés à la santé mentale et la psychiatrie. Gourion enseigne à la faculté de médecine de Paris et est souvent invité à intervenir dans les médias pour partager ses connaissances et réflexions sur des sujets tels que la fragilité des jeunes adultes et les intelligences atypiques​

Annexes 1

Annexe 1 : La vie de Simone de Beauvoir

Simone de Beauvoir est née en 1908 dans une famille bourgeoise parisienne. Sa mère, une catholique fervente, et son père, un agnostique cultivé, ont eu une influence considérable sur son développement intellectuel et moral. Cette dualité a contribué à son esprit critique et à sa quête de liberté.

Très tôt, de Beauvoir a montré une passion pour la lecture et l’écriture. Elle a étudié la philosophie à la Sorbonne, où elle a rencontré Jean-Paul Sartre. Leur relation, basée sur une grande liberté intellectuelle et émotionnelle, a été déterminante dans sa formation philosophique. Sartre et de Beauvoir ont partagé une approche existentielle de la liberté, ce qui a influencé sa conception de l’identité féminine comme étant socialement construite et historiquement située.

Le cadre philosophique de l’existentialisme, dont Sartre et de Beauvoir sont des figures majeures, a été central dans sa compréhension de l’identité. Pour de Beauvoir, l’existence précède l’essence, c’est-à-dire que l’individu n’est pas défini par une nature fixe mais par ses actions et ses choix. Dans cette optique, l’identité féminine est le produit des expériences et des situations sociales plutôt que d’une essence biologique.

Publié en 1949, Le Deuxième Sexe a révolutionné la pensée féministe. De Beauvoir y examine la condition féminine sous tous ses aspects – biologique, psychanalytique, économique, historique, et littéraire. Elle y développe l’idée que « On ne naît pas femme, on le devient », soulignant que l’identité féminine est construite par la société patriarcale.

Simone de Beauvoir a été une militante active pour les droits des femmes et a participé à de nombreux mouvements féministes. Son engagement politique a été un aspect important de son identité et de sa pensée. Elle a défendu le droit à l’avortement, la contraception, et l’égalité des sexes.

Les relations personnelles et intellectuelles de Simone de Beauvoir, notamment avec Sartre, mais aussi avec d’autres intellectuels de son époque, ont enrichi sa réflexion sur l’identité féminine. Ces échanges lui ont permis de développer une vision complexe et nuancée de la féminité.

Simone de Beauvoir a vécu à une époque de grands bouleversements sociaux et politiques, notamment les deux guerres mondiales, la décolonisation, et les mouvements de libération des années 1960. Ces contextes ont façonné sa réflexion sur l’oppression et la libération, influençant sa conception de l’identité féminine.

Annexes 2

Annexe 2 : Une autre perspective sur l’Œdipe

Sur le site du Cairn.info, je suis tombé sur ce texte : https://www.cairn.info/revue-francaise-de-psychanalyse-2003-1-page-79.htm

Il est issu de la publication « Le féminin, de l’identique à l’identité » par Sylvie Dreyfus-Asséo dans la Revue française de psychanalyse 2003/1 (Vol. 67). C’est un extrait de la page 79 à la page 93.

Il met en avant des éléments que je n’ai pas évoqué (ou juste partiellement), et dont la perspective / l’approche semble un peu différente. Voici ce que j’en ai retenu.

La femme vit deux types de conflits œdipiens : le premier est presque biologique, centré sur la maternité et tend à minimiser le rôle de l’homme. Le second est imposé par la loi paternelle, qui à la fois nie et affirme la sexualité féminine, valorisant séparément le clitoris et subordonnant la maternité à la paternité.

La transmission maternelle et l’homosexualité mère-fille sont essentielles à comprendre dans le contexte œdipien. La relation mère-fille complexifie la triangulation classique (mère, père, enfant), et le passage à l’hétérosexualité marque une transition significative. L’accent est mis sur la filiation féminine et la réinscription de la loi paternelle dans l’identité féminine et maternelle.

Cette relation spéciale est marquée par le changement d’objet amoureux (hétérosexualité) qui y a une place fondamentale. Cette relation explore le lien entre le maternel et le féminin, souvent confus et source de tensions identitaires.

L’accouchement par césarienne est utilisé comme métaphore pour souligner l’importance de la marque physique (ombilic) et sa symbolique. Cette naissance symbolise une rupture et une continuité dans la filiation maternelle, évoquant des fantasmes de parthénogenèse[1] et la dualité entre similitude et différence.

La transmission du maternel dans l’Œdipe de la fille est marquée par l’identification à la mère et les conflits œdipiens. Une patiente en analyse montre comment l’intégration de ces éléments influence sa capacité à devenir mère, illustrant la complexité de cette transmission.

Le rôle du père est analysé comme déterminant dans la structuration œdipienne. Une patiente ressent la précarité de son ancrage identitaire liée à la lignée paternelle et la confusion des fonctions maternelles et paternelles, ce qui complique son intégration de l’identité féminine.

La difficulté d’intégration du maternel-féminin est souvent liée à l’impossibilité d’accepter une position passive. Le refus de la dépendance et la difficulté à intégrer la position masochique féminine marquent le passage à l’Œdipe, influençant la relation d’objet et la structuration de l’identité féminine.

 

  • [1] Reproduction sans intervention d’un mâle dans une espèce, caractérisée par l’existence de deux sexes. Définition Larousse.

Annexes 3

Etudes références :

Métapsychologie – Madet – 1A – Cours n°36 La sexualité féminine et masculine

Métapsychologie – Madet – 2A – Cours n°7 Le visage de la mère

Métapsychologie – Madet – 2A – Cours n°10 Le sentiment maternel

Métapsychologie – Madet – 2A – Cours n°11 Le développement libidinal de l’image du corps

Métapsychologie – Madet – 2A – Cours n°13 et 14 Une autre psychanalyse (P1 et P2)

Psychopathologie – Faure – 1A – Cours n°1 Le développement de l’enfant de 0 à 2 ans. Naissance, développement perceptif et psychomoteur.

 

Autres ressources :

John Bowlby – PUF – 2002 (édition française) – Attachement et perte. Volume 1: L’attachement.

Pierre Bourdieu – Éditions du Seuil – 1998 – La Domination masculine

Simone de Beauvoir – Éditions Gallimard – 1949 – Le Deuxième Sexe

Catégorie ARTE « C’est pas ton genre » : https://www.arte.tv/fr/videos/RC-019923/c-est-pas-ton-genre/

La vidéo « petite fille » : https://www.arte.tv/fr/videos/083141-000-A/petite-fille/

Manuel des premiers secours en santé mentale – 4ème édition du manuel australien rédigé par Betty Kitchener, Anthony Jorm et Claire Kelly.

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